23/09/2012

Être trentenaire c'est super

Un jour sans doute, un jour peut-être, je serai vieille. J'aurai apprivoisé mes peurs et mes doutes en m'en créant d'autres relatives à mon âge. J'aurai mal quelque part et des rides sinueuses et creusées avec celle du lion, celle de l'inquiétude, en marque principale de mon visage.
J'aurais peut-être eu une belle vie remplie de changements, de joie et de peines. Un travail ou plusieurs, auront jalonnés mon existence et défini la vieille femme que je serai, du moins en partie.
J'aurai peut-être une famille, qui viendra manger parfois le dimanche un plat vaguement réconfortant dénué de talent. J'aurai compris des choses sur la vie de ceux qui m'entourent et accepté leurs forces et leurs faiblesses. Je ne serai pas fatiguée car la fatigue n'est pas intéressante, mais je serai enfin oisive en toute quiétude, sans culpabilité, je pourrai enfin laisser libre cours à ne rien faire et attendre. Peut-être que je ne serai pas seule, que j'irai boire un thé ou l'apéro avec mes copines après avoir fait quelques brasses avec mon corps ralenti. Vivre à Lausanne, toujours? peut-être. Mais j'aurai beaucoup voyagé, à l'est surtout et je serai revenue avec une Volga.
Partir de cette idée de l'avenir comme début de ce texte, c'est accepter de partir d'une projection floue et surtout dans quel but? Il s'agit avant tout d'un exercice. Quitter ma maison interne et par la pensée imaginer une suite lointaine au fond du jardin des possibles. 
J'ai du mal à écrire en ce moment, non pas que je n'en n'ai pas envie; je me sens juste un peu plus calme et moins dans l'urgence des mots. Il y a des périodes comme ça où tout semble agréable et doux. Les aspérités sont gommées, où la joie réside dans un sourire, une période où je redécouvre le mien et où il me parait normal, naturel et logique.
Je deviens plus à l'aise avec les autres et même si je reste sur mes gardes, toujours, je profite pleinement de ma vie. 
Les petits cailloux dans mes chaussures sont toujours là pourtant, deviendraient-ils supportables? Sans doute que j'ai décidé simplement de mettre tout ceci entre parenthèse. La trentaine assagit le conflit en soi, la trentaine donne des envies que l'on ne soupçonnait pas. L'indépendance tourne des pages nouvelles, et il semble normal de se laisser aller à la projection d'un futur hypothétique. Ce n'est donc pas vraiment d'un exercice qu'il s'agit en somme, mais plutôt d'un réflexe. 
J'ai toujours eu peur d'exprimer mes envies, mes sentiments (même si au final je ne fais que ça) mais en superstitieuse notoire, il m'a toujours paru délicat de le faire, par peur que cela casse tout, que cela empêche la réalisation de ces fulgurances de l'esprit. Laisser aller mon imagination au futur me tend car les branches poussent trop vite parfois; j'ai toujours peur que cela s'étiole. 
Quelle position prendre alors face à tout ceci? je n'en sais rien, j'oscille entre plusieurs sentiments mais je décide que la joie est à ma portée et qu'elle a sa place dans ma vie. Depuis quelques temps j'ai décidé de m'en donner les moyens. De faire un pied de nez à ma superstition, d'exprimer ce qui me tient à cœur quand j'en ai envie, de ne plus me poser de problème avec le "timing", bon ou mauvais il est au final souvent juste. Et qui vivra verra dit le proverbe (je n'aime pas les proverbes).
Dans tous les cas, un jour je serai vieille et peut-être que Lausanne me paraitra loin. Mais j'aurai vécu pleinement chaque chose, acte, pensée, sentiment tel que j'en aurai eu envie. On guérit de beaucoup de choses et je crois avoir guéri de mon pessimisme ou plus exactement de mon manque d'optimisme.  Quelle différence? je la connais et ceux qui me connaissent le savent aussi, c'est le principal pour moi. Conserver ma cohérence reste primordial à mes yeux. 
Je continue mon chemin, entière et confiante et surtout souriante. Oui oui c'est vrai je souris...